2017

Les Archipelagistes, Centre Pompidou (Hors Piste) curated by Geraldine Gomez. 


ML was invited to create an intervention in the 2017 edition of Hors Pistes at the Centre Pompidou, Paris, curated by Geraldine Gomez, which was focused on the subject of “crossings” (traversées).  Arthur found a discarded boat on the French coast and Jean and Dylan and Arthur set about creating a full-scale paper reproduction that was  launched in a local canal at the end of our two week residency at the museum.

« L’île semble avoir une prise indélébile sur l’imagination humaine. Contrairement à la forêt tropicale ou au littoral continental, elle ne peut prétendre à l’abondance écologique ni, en tant qu’espace, avoir beaucoup d’importance sur l’ascendance dans le passé évolutif de l’homme. Son importance réside dans le domaine imaginatif. Beaucoup de cosmogonies du monde, nous l’avons vu, commencent par le chaos aquatique: la terre, quand elle apparaît, est nécessairement une île. La butte primordiale était aussi une île où la vie a eu son début. Dans de nombreuses légendes l’île apparaît comme la demeure des morts ou des immortels. Elle symbolise avant tout un état d’innocence et de bonheur primordial, mis en quarantaine de la mer, par les maux du continent. La cosmologie bouddhiste reconnaît quatre îles de «l’excellente terre» située dans la «mer extérieure». 

La doctrine hindoue parle d’une «île essentielle» de pierres précieuses pulvérisées sur lesquelles poussent des arbres odorants; Il abrite la magna mater. La Chine a une légende des îles bénies ou des trois îles de Genii qui étaient censées être situées dans la mer orientale, en face de la côte de Chiang-su. Les Semang et les Sakai de Malaisie, habitants de la forêt, conçoivent le paradis comme une «île de fruits» dont tous les maux qui affligent l’homme sur la terre ont été éliminés; il est situé dans le ciel et il se doit d’y entrer par l’Ouest. Certains peuples polynésiens envisagent leur Elysium sous la forme d’une île, ce qui n’est pas surprenant. Mais c’est dans l’imagination du monde occidental que l’île a pris la plus forte emprise envergure. » L’île, Yi-Fu Tuan, Topophilia (1974)

Le mot archipelagiste renvoie à l’archipel, ce mot se défini non seulement comme une constellation d’îles, mais comme les îles et l’ensemble de la masse d’eau qui les relie. C’est une relation symbiotique entre terre et mer. Dans cette vision du monde, une île n’est pas un élément solitaire — on aurait pu dire “isolé” ou “insulaire ” tant l’île est associée à la solitude. L’île fait partie d’un réseau interconnecté, où les voies de mer fonctionnent comme de véritables autoroutes. Nous sommes aussi des îles, mais connecté par nos rêves, nos résistances, nos projets de vivre ensemble et en faisant construire un autre monde pour tous.

Une des idées qui domine le travail de Mare Liberum est que toutes les eaux du monde sont connectés entre elles, et l’eau est un enjeu majeur de ce nouveau siècle. Nous devons cesser de nous considérer comme des êtres insulaires, isolés, mais plutôt de nous penser comme des êtres archipelagiques, connectés par ces bras de mer et ces cours d’eau que nous nous devons de protéger. Dans cette vision, une traversée est une connexion tout autant qu’un franchissement.


PDFs

Les Archipelagistes (Broadsheet) (5 mb)

Press

Mare Liberum Interviewed for the LAND Issue of C Magazine by Katherine McLeod